Les Femmes sous la Révolution Française

En 1792, les hommes acquièrent un nouveau système politique prônant de grandes valeurs : La Première République. Cette République, qui, pour les hommes est synonyme de nouvelles libertés et d'égalité n'est en fait rien de cela pour les femmes. En effet, si les hommes font une grande avancée, les femmes, elles, malgré leur souhait, sont délaissées par ce nouveau régime. Cependant, elles luttent avec une certaine férocité pour être des citoyennes qui ne soient plus confinées dans la maison familiale, elles se manifestent et veulent acquérir un nouveau statut.

La femme « classique » vue par ses contemporains

Les sociétés occidentales de l’époque sont chrétiennes. Or dans la religion chrétienne, la femme n’a pas été créée en même temps que l’homme mais à partir de celui-ci.. Ce mythe est à la base du comportement de l’homme à l’égard de la femme. La femme doit tout à l’homme, puisque sans lui, elle n’existerait pas. Elle lui est donc redevable et doit lui être soumise»1. De plus dans la religion chrétienne, la femme est la cause du malheur puisque c’est elle qui incite Adam à manger le fruit interdit de l’arbre de la connaissance. Même si la société chrétienne a évolué depuis le Moyen Âge, certains mythes perdurent comme celui-là.

 

À la veille de la Révolution française, les mentalités n'ont pas beaucoup évolué.

 

En 1789, lors de l’élaboration des droits de l’homme, la question de la femme ne fut pas abordée par l’assemblée constituante. Les femmes étaient évincées du fait qu’il leur était interdit de prendre part aux affaires publiques. Elles devaient rester dans une sphère privée.

 

De nombreux philosophes, médecins, écrivains ont croisé leurs approches pour décrire la féminité. Les termes qui en ressortent sont : « constitution délicate », « tendresse excessive », « raison limitée », « nerfs fragiles1 ». On considérait donc comme acquise l’infériorité de la femme intellectuellement et psychologiquement.

 

Les femmes ne sont pas considérées comme de vrais individus pour les hommes de 1789. Elles doivent se contenter d'une activité domestique, extérieure à la société civile. Elles sont donc considérées comme des mères ou ménagères, loin des fonctions sociales politiques que certaines désirent. La femme est restreinte à la sphère familiale et caractérisée par elle, elle perd donc toutes ses caractéristiques individuelles.

La femme Républicaine

Le modèle républicain de la femme est principalement celui de la mère. En élevant son fils de façon à ce qu’il devienne un bon citoyen, elle permet de renforcer « l’ordre civique » dans lequel elle vit. Elle est donc absente de la scène politique mais y exerce une certaine responsabilité en préparant l’avenir à travers son fils.

 

Elle a également un autre rôle, plus secondaire. Elle est chargée de veiller à la vertu et à la moralité qui sont les valeurs qui ont permis à la nation de gagner la révolution. Sans elles, la république ne peut pas survivre.

 

L’homme et la femme mènent deux combats bien différents.

 

L’homme se doit d’assurer le bon fonctionnement des institutions publiques, de construire les cadres de la cité. Son rôle se résume donc à un combat public et politique.

 

La femme a pour mission, de « sauver » la cité, en priant et en se repentant des péchés commis par la communauté. De cette façon-là, elle purifie la conduite des hommes et sauve leurs âmes. Son rôle est donc un rôle privé qui se base sur la spiritualité.

La femme militante

La militante féminine type a, soit moins de trente ans, soit, au contraire, plus de cinquante ans, contrairement à l'homme militant type qui est âgé d’environ quarante ans. Cela s’explique par le partage des tâches au sein de la famille.

 

En effet, une femme entre trente et cinquante ans a des obligations. Elle doit élever ses enfants ce qui ne lui laisse donc pas beaucoup de temps pour les pratiques révolutionnaire.. La femme militante est avant tout Parisienne et appartient à la classe populaire.

 

En effet, à la campagne il y n'a que très peu de rassemblement et ceux qui s’y produisent sont moins spectaculaires qu’à Paris. Quand les femmes, vivant à la campagne, veulent participer à la révolution, elles ont tendance à envoyer des dons ou encore à acheter un fusil pour la garde nationale. Les femmes de classe sociale élevée tiennent des salons privés ou publics qui sont des lieux d’échanges politiques entre les sexes. Les Hommes politiques ne partageant pas les mêmes convictions peuvent donc y échanger leurs points de vue en toute sérénité. Avant les conflits opposant les Girondins et les Montagnards, Robespierre, par exemple, assistait souvent au salon tenu par Manon Roland surnommée « l’égérie des Girondins ».

Les femmes et la politique

Prémices des Révoltes, émeutières

Pendant les Révolutions, certaines femmes se veulent l'égal des hommes. Elles participent aux actions collectives et descendent dans la rue. Mais dès que cela est fait, elles sont rappelées à leurs obligations, à leurs devoirs.

 

Les femmes vont marquer leur présence et l'importance de leur rôle dès 1788. En 1788, à Grenoble, a lieu la journée des Tuiles. La population prend les armes pour empêcher le départ des parlementaires souhaité par le Roi et repousse les régiments royaux qui occupent la ville. Les témoins sont alors étonnés de l'énergie qu'elles déploient, du déterminisme dont elles font preuve. Elles immobilisent les voitures au milieu des rues, elles entourent et gardent les magistrats qui sont sequéstrés toute une nuit.

 

En 1789, elles sont les premières à se rendre à Versailles, symbole de la monarchie absolue, pour ramener de force le Roi Louis XVI et sa femme Marie-Antoinette à Paris . La garde républicaine, composée exclusivement d’hommes, ne se manifeste que dans l’après-midi. Mais cette Révolution rejette les femmes alors que celle-ci jouent un rôle moteur lors des soulèvements. Ce rejet s’explique par le fait qu’elles ne sont ni dans le peuple armé, c’est-à-dire la garde nationale, ni dans le peuple délibérant, c'est-à-dire l’assemblée sectionnaire. Mais aussi par le fait que dès que les associations révolutionnaires dirigent les évènements, elles en sont exclues.

 

Au printemps 1795, le soulèvement commence par les manifestations des femmes. Elles « battent le tambour », dans leurs mouvements elles entrainent les gens plutôt réticents. Elles se moquent des autorités qui écrivent que celles-ci jouent « un rôle boutefeux », puis elles sont rejointes par les hommes à qui elles cèdent la place.

 

Le 1er avril 1789, elles déclenchent également des violences dans la Sarthe à cause d'un manque d'approvisionnement en grain. Un maréchal déclare " Sans les femmes, je pense que nous aurions pu faire entendre raison aux hommes; pour cela, j'avais écarter le sexe, amis, voyant que pendant ma harangue la voiture était déjà à portée de vue, elles ont crié et passé malgré nos menaces, et ont déterminé les hommes à les seconder"2.

 

En mai 1795, un policier note : « c’est principalement les femmes que l’on agite, lesquelles faisant passer toute leur frénésie dans l’esprit des hommes, les échauffent par leurs propos séditieux, et excitent la plus violente effervescence. » 3 Ce rapport montre bien que les femmes jouent un rôle non négligeable dans les révolutions et qu’elles sont le moteur des soulèvements. Mais, même si le 20 mai est caractérisé par l’intervention des femmes, elles sont absentes des mouvements le 21. En Effet, elles sont dans l’obligation de s'effacer au profit de l’assemblée sectionnaire et de la garde nationale, et sont contraintes, d’abandonner le devant de la scène.

 

1789, 1793, 1795, les femmes descendent dans la rue, elles y forment des groupes de manifestantes. (Le 23 mai 1795 les députés leur interdisent de s’attrouper à plus de cinq personnes.) Les femmes appellent les hommes à l’action, elles savent que ceux-ci vont les suivre. Avant l’insurrection de mai-juin 1793, un député déclare « les femmes commenceront le mouvement ¬ (…) les hommes viendront à l’appui des femmes. »4 Ce mouvement n'aura pas lieu mais démontre le rôle joué par les femmes Mais le rôle de la femme ne se réduit pas au fracas insurrectionnel, la femme souhaite donner à son action, à sa pensée, un sens national.

Exclues de l’assemblée et des organisations révolutionnaires, elles les contrent

Les femmes sont, à l’époque, complètement exclues des assemblées politiques. Cela ne les empêche pas de se presser dans les tribunes ouvertes au public où elles sont en supériorité numérique et où on leur reproche leur rage à courir les assemblées. Elles crient, elles applaudissent ce qui trouble bien souvent les débats et influence les législateurs.

 

Leur présence dans les tribunes montre qu’elles s’immiscent concrètement dans la vie politique. En effet, même si elles ne font pas partie de l’assemblée, et donc des législateurs, elles exercent une partie de la souveraineté puisqu'elles influencent les élus en prenant place dans la tribune politique. Les femmes prenant place dans la tribune sont appelées " les tricoteuses". Ce terme était, sous l’ancien régime, considéré comme une injure. En effet il faisait référence à une position sociale misérable et peu enviable. À partir de l’an II, soit 1792, on nommera ainsi les femmes qui veulent prendre part à la politique de la nation. Mais ce terme perd sa consonance péjoratif puisque ces femmes suivaient les débats en tricotant.

 

Également exclues des organisations révolutionnaires, elles se regroupent en club, dans environ 30 villes. Dans les séances qu'elles tiennent, elles lisent les lois ainsi que les journaux et animent des discussions autour de problèmes politiques locaux ou nationaux. Elles s’occupent également des tâches philanthropiques et défendent le clergé constitutionnel auprès de leurs concitoyennes. À partir de 1791 ; ces clubs se démocratisent et les femmes prennent une part active à la vie politique de leurs régions aux côtés des Jacobins.

 

À Paris, deux clubs se succèdent. Le premier se nomme La Société Patriotique et de Bienséances des Amies de la Vérité et prend place de 1791 à 1792. Ce club fut fondé par Etta Palm d'Aelders et s’intéressa à l’éducation des petites filles pauvres et réclama le droit au divorce ainsi que des droits politiques. Vient ensuite le Club des Citoyennes Républicaines Révolutionnaires qui fonctionna du 10 mai au 30 octobre 1793. Ce club est composé de militantes populaires, de marchandes, de couturières et d'ouvrières. Il est proche de la sans culotterie et intervient dans le conflit Gironde-Montagne ainsi que dans le débat politique de l’été 1793. Les clubs féminins se voient interdit le 30 octobre 1793.

Les femmes veulent la souveraineté et le font entendre

Les femmes, quel que soit le pays traversé par la Révolution, donnent leurs avis sur le déroulement des évènements mais leurs façons de les manifester diffèrent selon les pays.


En France, les femmes souhaitant s’exprimer ont la possibilité de le faire publiquement et ne sont pas dans l’obligation de se restreindre au cercle privé, l’expression peut avoir lieu dans un cercle ouvert, une situation plutôt large.

 

À partir de 1789, les femmes veulent être incluses dans la vie politique. Elles veulent apporter leur pierre à l’édifice. Pour montrer, clamer leurs espérances, leurs revendications ainsi que dans un but de présenter les réformes, les femmes s’aident de pétitions ou de brochures ce qui leur permet de sensibiliser un maximum de monde. Elles font circuler ces écrits qui ont subi une lecture préalable dans l’organisation révolutionnaire. Quand leurs revendications sont imprimées, elles sont criées dans les rues par les marchandes de journaux et achetées par les militantes qui ont pour rôle de les faire connaître. Par exemple, le 6 mars 1792, Pauline Léon lit, à la barre de l’assemblé législative, une pétition qui fut signée par plus de 300 Parisiennes demandant le droit de faire partie des gardes nationaux. Pouvoir faire partie de l’armée est l’un des fondements de la citoyenneté, et donc accepter les femmes dans la garde nationale reviendrait à leur donner la citoyenneté. Le président de l’assemblé répond donc à cette lecture par le rappel des rôles, des tâches auxquels sont appelés chaque sexe. Ces moyens de se faire entendre sont les plus répandus et les plus communs mais certaines, comme Olympe de Gouges, qui appelle à l’insurrection au printemps 1795, placardent leurs idées ou le message qu’elles souhaitent faire passer sur les murs des maisons où ils sont alors lus de tous.

 

La constitution du 24 juin 1793 fut soumise au suffrage universel Masculin. Les femmes, toujours animées par leurs désirs de participer à la vie politique, se réunissent et font le serment de faire connaitre à la nation leur adhésion à cette constitution. Pour cela elle transforme un acte privé (leur adhésions à cette nouvelle constitutions d'où elles ont été exclues) en un acte politique dont les initiateurs s’imposent dans le corps politique. Cet acte montre leur besoin et leur désir de faire partie du peuple souverain. Elles ne veulent plus être simplement un sujet de la nation, elles veulent faire partie des «leaders » de la nation.

Conséquences

La femme acquiert un nouveau statut

La constitution de septembre 1791 définit de façon identique l’accession à la majorité civile pour les hommes et les femmes. La femme peut donc témoigner dans les actes d’états civils et elle peut contacter librement des obligations (1792). Elle accède au partage des biens communautaires (1793) et, dans le premier projet de code civil présenté par Cambacérès à la convention en 1793, la mère avait la même autorité parentale que le père.


Mais la grande loi de septembre 1792 est primordiale. En effet, cette loi porte sur l’état civil et le divorce. Elle établit une symétrie stricte dans les procédures comme dans l’énoncé des droits. La loi met en place la dissolution du mariage c’est-à-dire le divorce pour incompatibilité d’humeur, pour consentement mutuel ou encore pour motif déterminé. Le mariage n’est donc plus une fin en soi. Il apparaît juste comme un moyen d’accéder au bonheur individuel et s’il n’est plus facteur de bonheur, il perd son sens donc peut être annulé . Les femmes sont désormais libres de se marier ou non, et d'épouser qui elles désirent. Les lois de septembre 1792 sur l'état civil et le divorce traitent à égalité les deux époux. La femme mariée est ainsi délivrée de la tutelle de son mari.

 

Durant l’année 1793, les militantes acquièrent un certain poids dans la sans culotterie. Suite à cela, de plus en plus d’hommes et de femmes s’interrogent sur l’inégalité politique persistante envers les femmes dans un État qui se qualifie égal pour tous.


En septembre 1793, La sans culotterie féminine lance une campagne dans le but de faire voter le port de la cocarde tricolore par les femmes. Dans les rues s’opposent donc les femmes pour et contre cette nouvelle loi. Le club des Cordeliers reconnait, par exemple, que « les citoyennes qui partagent nos travaux doivent également partager cet avantage »5 Inquiète par la tournure que prennent les évènements et par leur ampleur, La convention accède à leur revendication le 21 septembre et promulgue la loi autorisant le port de la cocarde au femme. Or depuis 1789 la cocarde étant un symbole de la citoyenneté, ce décret remet en cause la question de son partage et pourrait évoluer vers un partage du pouvoir. Avec toutes ces lois, la femme acquière un véritable statut de citoyenne, d’individu libre et raisonnable capable de se gouverner seule même si la liberté civile n’inclus pas encore le droit civique mais elle en est la clé.


10 ans après ces lois, le conseil d’État déplore que la Révolution ait donné aux femmes de mauvaises habitudes, qu’elle est ruinée l’autorité du mari. Ainsi le 27 septembre 1801, Portalis insiste sur le fait que la soumission des épouses ne doit pas être entendue comme un fait politique mais comme leur vraie nature. La société replace les femmes dans la position qu’elles avaient avant la révolution.

Les hommes face à ces nouvelles femmes

Les hommes qui sont témoins passifs de ces changements, de cette mini révolution appréhendent que la cocarde ne soit pas la seule revendication féminine. Ils s’effraient à l’idée que le bonnet frigien, les armes et le droit de vote succèdent à la cocarde. Pour les hommes le pouvoir ne peut pas se partager entre les deux sexes. C’est impensable, inimaginable et cela entrainerait une société déstabilisée par la confusion des sexes entrainant inévitablement le chaos.

 

Le théoricien monarchiste Bonald accuse les révolutionnaires d’avoir ruinés la société naturelle où la femme est présentée comme un sujet et l’homme comme pouvoir. Par le terme sujet, on entend un être incapable d’autonomie, incapable de décider pour lui-même et les autres. L’homme qui laisse une liberté à sa femme manque donc à ses devoirs naturels envers Dieu et envers l’État.


Bonald n’est pas le seul à penser comme cela. Le député travailliste Anglais Burke écrit en 1796 que la révolution a créé « un système de mœurs le plus licencieux, le plus dépravé et en même temps le plus grossier, le plus sauvage et le plus féroce » 6 qui puisse exister. Ce système affranchit les femmes ce qui a pour conséquence un relâchement des liens du mariage puisque le mari n’a plus tous les droits sur sa femme mais ça transgresse aussi les lois du partage des rôles par sexe.


La révolution est le seul régime qui est revenu sur la hiérarchie des sexes même si c’est avant tout un stratagème pour désorganiser la société, le corps social.


Burke ajoute « on dit que les femmes avaient été trop longtemps sous le joug des maris, il est inutile de m’étendre sur les suites funestes que peut avoir une loi qui ôte la moitié de notre espèce de dessous la protection de l’autre moitié »7 . Selon Burke cela serait une suite funeste pour la paix des ménages mais également pour l’ensemble du corps social. La Révolution a montré aux femmes qu’elles avaient des droits et qu’elles pouvaient les exercer. elles ne sont pas des enfants mais ont accès à une personnalité civile qui était niée sous l’ancien régime.

Personnalités s’illustrant dans ce combat

Olympe De Gouges

Olympe de Gouges, de son vrai nom Marie Gouze, est née à Montauban le 7 mai 1748. Elle fut mariée à 18 ans. Son mari mourut peu de temps après qu’elle eut donné naissance à leur fils.

 

De ce mariage, elle garde une grande déception. Le mariage était pensé comme un moyen d’accéder au bonheur, or son expérience ne lui en avait pas apporté. Elle refuse donc de se remarier. De plus, être veuve à cette époque était une condition sociale confortable. C’était la seule manière pour une femme de garder une autonomie financière puisque quand elle se mariait elle passait de la tutelle de son père à celle de son mari. Elle utilise donc son autonomie financière en s’installant à Paris. À partir de 1770, elle devient autodidacte. Elle se cultive, lit beaucoup, dirige une compagnie de théâtre, et se montre très active politiquement. Elle écrit de nombreuses brochures, des billets dans lesquels elle soutient la cause de toutes les catégories opprimées et oubliées ; elle demande la légalisation du divorce. Mais ses demandes ne sont pas prises au sérieux. Son sexe fait obstacle à sa crédibilité.

 

La plupart des projets qu’elle soumet sont liés à la condition de la femme. Son grand œuvre est la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791), dans laquelle elle revendique que la femme soit libre et égale aux hommes en droits. Elle démontre que la nation est composée par les femmes autant que par les hommes. Elle affirme que l’homme est le seul être vivant qui cherche à asservir sa compagne, que l'homme est un despote qui n'a pour seul but que d’étendre son empire. Alors que, selon elle8, la femme est supérieure à l'homme en beauté comme en courage. Ces affirmations sont une réponse à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, dans laquelle les femmes sont oubliées, mises de côté.

 

En 1793, Olympe de Gouges est guillotinée sous le régime de la terreur.

 

Dans les années 1970, elle devient pour les Américaines un précurseur du féminisme.

Mary Wollstonecraft

Mary Wollstonecraft est née le 27 avril 1759 à Spitalfields, un quartier du Grand Londres. Comme Olympe de Gouges, elle défend les droits des femmes. Après avoir vécu une enfance difficile avec un père violent, elle quitte le domicile familial et entre en qualité de gouvernante au service d'une famille anglaise expatriée en Irlande. Ceci lui permet de constater que les femmes cultivées mais pauvres n’ont aucun moyen de travailler quels que soient leurs savoirs. Frustrée, elle le dénoncera dans un chapitre de Pensées sur l'éducation des filles qu’elle nommera « Situation malheureuse des personnes de sexe féminin, ayant reçu une bonne éducation et laissées sans fortune ». Suite à cela, elle décide de quitter son rôle de gouvernante et retourne à Londres où elle se cultive, apprends le français et l’allemand, et publie des critiques littéraires.

 

Ses deux plus grands écrits sont A Vindication of the Rights of Men écrit en 1790 et A Vindication of the Rights of Woman écrit deux ans plus tard.

 

Le premier est une réponse à Burke qui écrit la même année Reflections on the French Révolution in France, dans lequel il défend la monarchie constitutionnelle britannique, l'aristocratie et l'Église d'Angleterre. A Vindication of the Rights of Men s’attaque au contraire à l’aristocratie et défend la République. Dans cet écrit elle reprend également les arguments que tenait Burke à l’égard des femmes dans un autre ouvrage[Lequel ?] et les tourne en dérision. Cet écrit est considéré comme son premier ouvrage féministe et la met en lumière.

 

Dans son deuxième ouvrage, Mary Wollstonecraft affirme que les femmes ont un rôle primordial dans la société. Elle concède que la plupart des femmes sont inintelligentes mais elle explique que cela n'est pas dû à leur nature profonde mais tout simplement au manque d’éducation dont elles sont victimes à cause des hommes. Elle dénonce le fait que dès leur plus jeune âge les filles ne sont admirées que pour leur beauté. Si on les éduquait, elles pourraient enfin sortir de cette sphère infernale. A Vindication of the Rights of Woman est l'un des premiers ouvrages de philosophie féministe.

 

Elle écrit plusieurs autres romans défendant la cause des femmes, et meurt le 10 septembre 1797.

La marche des femmes

Fille d’Elisabeth Lahaye et de Pierre Terwagne, laboureur, Anne-Josèphe nait le 13 août 1762 à Marcourt en Belgique. A cinq ans, suite au décès précoce de sa mère, Anne-Josèphe est confié à des tantes puis placée dans un couvent. A douze ans, elle retourne chez son père qui s’est remarié mais ne s’entend pas avec sa belle-mère et s’enfuit l’année suivante. Elle devient vachère, servante puis dame de compagnie d’une femme du monde.

Elle tente une carrière de chanteuse, connait plusieurs aventures et vit à Paris, à Londres et en Italie ; elle est à Naples lorsqu’elle apprend la convocation des États généraux en France. Elle rentre alors immédiatement à Paris, prend le nom de Théroigne de Méricourt et participe à la prise de la Bastille. Les 5 et 6 octobre 1789, lorsque des milliers de femmes se rendent à Versailles pour aller chercher le roi et présenter les revendications du peuple à Marie-Antoinette, Théroigne est sur place mais elle ne participe pas aux violences.

 

La Belle Liégeoise

Théroigne de Méricourt, surnommée « l’Amazone rouge » (pour ses vêtements d’amazone), « la Belle Liégeoise » ou « la furie de la Gironde », tient un salon et crée le « Club des Amis de la loi », qui intègre finalement le Club des Cordeliers. S’informant et cherchant à informer le peuple des travaux de l’Assemblée, elle devient une figure connue des tribunes publiques, où elle n’hésite pas à exprimer ses opinions. Fin 1790, endettée et prise pour cible par la presse, elle rentre en Belgique. Soupçonnée de vouloir assassiner Marie-Antoinette, elle est arrêtée dans la nuit du 15 au 16 février 1791 et incarcérée dans une forteresse en Autriche. Neuf mois plus tard, elle est libérée et retourne à Paris.

 

Internée

En janvier 1792, elle rejoint les Jacobins et, républicaine et féministe, s’affirme contre les royalistes et contre la bourgeoisie. Au printemps, en vue de la guerre, elle veut mettre en place une « phalange d’amazones », participe à l’invasion du palais des Tuileries en août et y ameute la foule contre le pamphlétaire Suleau. En mai 1793, à l’Assemblée nationale, des femmes jacobines l’accusent de soutenir le chef de file des Girondins, la dénudent publiquement et la fessent jusqu’à l’intervention de Marat. Suite à cet épisode, Théroigne de Méricourt sombre dans la folie et son frère la fait interner à l’hôpital de la Salpêtrière. Elle y restera vingt-trois ans.

Elle meurt le 23 juin 1817 à l’hôpital de la Salpêtrière. Sa vie inspire Charles Baudelaire, Philippe Séguy et un opéra. Elle aurait également inspiré Eugène Delacroix pour son tableau La Liberté guidant le peuple.