Jean Paul Marat

Né en 1743 à Boudry canton de Neuchâtel, mort à Paris en 1793, français d’origine suisse, Marat est issu d’origine modeste. Il est instruit par son père, médecin et calviniste espagnol qui a fui la Sardaigne pour la Suisse.

 

En 1759, il part suivre des études de médecine à Toulouse, Bordeaux et Paris, à l’issue desquelles il voyage en Europe avant de se fixer en Angleterre en 1765 en tant que médecin et vétérinaire. Il vit aussi quelques temps à Newcastle et rend des services assez appréciés pour recevoir un diplôme de citoyen d’honneur.

 

Parallèlement il écrit « The Chains of Slavery » en 1774, qui ne sera publié en France qu’en 1792 sous le titre « Les Chaînes de l’esclavage » ; pamphlet violent dénonçant « les noirs attentats des princes contre les peuples ». On peut raisonnablement dire que déjà il annonçait la couleur !

 

Il rentre en France en 1776 et devient médecin des gardes du corps du comte d’Artois de 1777 à 1783. il va essayer de confirmer sa réputation scientifique en tentant des expériences sur le feu (Recherches physiques sur le feu , 1780), sur la lumière (Découvertes sur la lumière , 1780) et sur l’électricité (Recherches sur l’électricité , 1782). Il va aussi publier des mémoires sur les vraies causes des couleurs que présentent les lames de verre, les bulles de savon, et autres matières diaphanes extrêmement minces. Rejeté par l’Académie des sciences qui désapprouve ses travaux, il n’en devient que plus extrémiste.

 

Les conditions créées par la réunion des États généraux et la libéralisation au moins relative du régime de la presse devaient faire de Marat un journaliste engagé et un des théoriciens les plus écoutés de la population parisienne. Les idées politiques qu’il diffusait dans son journal, L’Ami du peuple, évoluent d’ailleurs à mesure que se précisent les attaques des aristocrates, contre lesquelles il ne cessa jamais de mettre en garde, au point d’être surnommé Cassandre-Marat par son rival Camille Desmoulins. Il dénonce les riches du Tiers Etat qui passent leur temps à profiter des changements politiques et sociaux. Il critique les fausses idoles de l’opinion publique telles que Necker, Mirabeau et La Fayette. Il accuse la reine Marie-Antoinette de comploter avec son « comité autrichien », Dumouriez de trahison.

 

Dès la prise de la Bastille le 14 juillet 1789, Marat adopte en effet une position claire : selon lui, quelque cinq cents têtes coupées permettront de rompre avec le passé. En 1791, il appelle à l’interdiction de vote des prélats, financiers et officiers du roi. En 1792, il avoue espérer « une dictature suprême » permettant d’instaurer l’authentique Révolution. Ses positions extrémistes conduiront au massacre de septembre 1792.

 

Elu à la Convention, il siége avec les Montagnards [1], qui, pour la plupart, se méfient de lui. Élu président du club des Jacobins [2] le 5 avril 1793,il engage aussitôt la lutte contre les Girondins dont il demande la destitution. A leur tour les Girondins attaquent la dictature montagnarde symbolisée par le triumvirat des députés parisiens Robespierre, Danton et Marat.

Son combat contre les Girondins [3] prend fin le 2 juin 1793, date à laquelle la Convention, sous la menace d’une insurrection parisienne que Marat a encouragée, les élimine. Cet événement conduit à la formation d’un gouvernement à majorité jacobine.

 

Marat ne le saura jamais, les haines qu’il suscita aboutissent à son assassinat par Marie-Anne-Charlotte Corday d’Armans, dite Charlotte Corday le 13 juillet 1793. La République lui fait de grandioses funérailles, il est inhumé dans le jardin du couvent des Cordeliers. La République fit graver sur sa tombe : « Ici repose Marat, l’ami du peuple assassiné par les ennemis du peuple le 13 juillet 1793 ».

Le 21 septembre 1794, un décret le rendant « immortel » il est exhumé et placé au Panthéon. Le 16 novembre, la République lui fait l’éloge suivant : « Comme Jésus, Marat aima ardemment le peuple et n’aima que lui. Comme Jésus, Marat détesta les rois, les nobles, les prêtres, les riches, les fripons et comme Jésus, il ne cessa de combattre ces pestes de la société ».Le 8 février 1795, la réaction thermidorienne fait voter un décret stipulant que les honneurs du Panthéon ne pourraient être conférés à n’importe quel citoyen, que dix ans minimum après sa mort. De nouveau les restes de Marat sont exhumés et placés dans le cimetière contigu à Sainte Geneviève